"...c'est la pénombre ici. Ça sent le sol mouillé et la mousse , aussi l'humidité et les trésors de grand-mère. Je sens la terre sous moi, ça fait mal dans le bas du dos, ça doit faire un certain temps que j'suis étendue là et je me suis endormie. J'arrive de loin. Tranquillement. Toute ankylosée, je me sens lourde. Je perçois à travers les feuilles, paupières à demi fermées, un restant de jour jaune. J'suis juste bien, là. Fermer les yeux et effleurer la terre des doigts, respirer l'humus, être caresser par la brise subtile, flotter entre les murmures des arbres. J'assiste à la tombée de la rosée, me sentant privilégiée d'avoir tout ce temps pour un aussi beau moment. J'apprécie les effets de la nature sur moi.
J'inspire le doux parfum du bois. Pernicieusement, une légère acidité désagréable se démarque. Je ne sais qu'en penser; ça détonne pourtant. Le subconscient allarmé travaille et veut faire surface. Mon corps réagit conséquemment et tente de prendre le contrôle. Je lutte un instant pour conserver la paix, mais je peux maintenant sentir ma peau, et, comme la marée qui arrive doucement mais sûrement, les douleurs se manifestent, une à une au début, une vague à la fois. Je prends conscience de l'humidité et du froid qui me couvrent, étant dévêtue en parties. Je refuse de laisser le flot d'images libre et me bat pour conserver le beau.
C'est la sensation d'être abondamment mouillée à certains endroits qui remet le système en marche. L'instinct de survie. L'odeur allumeuse se répand en filets, séchés ou dégoulinants. Je me rends compte de ma faiblesse en tentant de lever la tête. Je suis tout-à-coup structure organique désorganisée, substance mutilée, chair violentée. Comme un seau d'eau lancé au visage de l'assoiffé, c'est brutal, vil et anéantissant. Et là, tout me revient et je ne peux arrêter la mémoire.
Se tordre de l'intérieur parce que c'est tout ce qu'il nous reste. Ressentir le poids du Mal. Pourquoi déshonorer et profaner mon sanctuaire? Pourquoi corrompre et souiller cette communion naturelle si gratuitement?
Mon refuge est fragile. J'aime à plein, c'est ce qui me sauve et l'équilibre perdure, mais il y aura toujours des endroits sombres..."
lundi 25 août 2008
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1 commentaire:
Au loin dans l'entre-deux, y déposer des fleurs.
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