Candy a appris "sur le tas". Savoir moduler la voix, la rendre chaude, invitante. Reconnaître dès les premières paroles, où en est le client dans sa démarche lubrique et s'y adapter. Construire un style pour la fidélisation. S'approprier un certain vocabulaire et développer l'imaginaire dans le domaine de la luxure.
"Bonsoir..... qu'est-ce que tu fais, là?"
"Bonsoir..... qu'est-ce que tu fais, là?"
Ça, c'est ma phrase standard de premier contact. Notez que cette simple formule contient tous les éléments qui permettront l'amorce d'un travail bien fait. Le "Bonsoir", dit d'un ton mielleux, grave et doux, s'étirant sur la dernière syllabe. Ça meuble langoureusement le décor. Ensuite, la question qui laisse sous-entendre une anticipation, l'intonation devenant légèrement coquine et suave. D'emblée, on veut mettre à l'aise, affirmer notre présence et suggérer notre ouverture. À partir de là, tout est possible.
En général, le client typique de Candy a déjà mis la machine en marche avant de composer le numéro, et il le spécifie en haletant, sur un fond de bruits rythmés et mouillés. Intimidant les premières fois. Souvent, le seul fait d'entendre une voix féminine fait éclore le bourgeon. Pas trop exigeant. D'autres vont solliciter la participation immédiate au même stade que le leur. Faut être crédible, avoir une certaine imagination et entrer dans le jeu rapidement. Certains veulent des images, crues, directes, concrètes pour alimenter le fantasme. Et là de me décrire, en améliorant certains détails (si peu): " J'ai les cheveux de telle couleur, les yeux de telle couleur, je pèse tant, je mesure tant et je porte du ...... (taille de soutien-gorge, bien sûr)".
Ces cinq caractéristiques de base s'avèrent généralement suffisantes. Quoique je me suis déjà fait demandé à quelques reprises d'élaborer sur d'autres parties de mon anatomie, les plus privées, ça va de soi. Je tente de demeurer le plus près possible de la réalité dans mes descriptions, ayant appris assez vite que c'était plus facile pour moi, et surtout, moins mélangeant au fil des appels.
Pour les mieux nantis ou ceux qui s'en foutent (comprendre qu'ils ne mettent pas de contrainte de temps ou d'argent, ils veulent "la totale" ), le défi peut être plus grand. Il faut démontrer qu'on a le désir à fleur de peau. Décrire ce qu'on fait, ce qu'on ferait, ce qu'on lui fait. Là c'est le nerf de la guerre, le vrai travail de performance, l'exploitation de l'imagination sans réserve et sans pudeur. Je me fais prendre au jeu selon l'humeur, et bien sûr, selon le "monsieur" du moment, il faut bien avoir du plaisir en travaillant quand ça se présente si opportunément!
La fin se présente plus souvent qu'autrement par le "clic" de l'appareil remis à sa place par l'interlocuteur. Mais j'apprécie énormément les "Merci ma belle", "Mmmm, c'était bon", "Bonne nuit et merci", etc, de ces messieurs élégants et reconnaissants. Ils vont revenir, je le sais.
J'aime bien penser que j'ai mis un peu de bonheur dans la vie de ces gens, même les connards, les machos, les vulgaires rapaces impotents. Je les ai fait rêver et jouir, seulement avec ma voix et ma savante candeur voilée.
Candy, soupire, s'assoupit et rêve au prince charmant.
2 commentaires:
Voilà la description de ce qui se passe d'un côté du combiné. Je peux l'imaginer facilement puisque je suis un homme et ce même si je n'ai jamais fait ce genre d'appel. Mais de ton côté de l'appareil, que se passe t'il généralement ? Est-ce tel qu'on le voit à la télévision parfois c'est à dire que tu fais un sudoku, regardes un téléroman, fais ton lavage etc. ?
C'est tout un art de moduler sa voix.
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