dimanche 20 septembre 2009

Le pubis de l'oiseau


Un ami m'a indirectement rappelé mon bagage en témoignant du sien. Dans un moment opportun d'introspection, je laisse aller ce que suscite le souvenir soudain et mets de côté la raison.
Je glisse de l'éveil et l'ailleurs s'ouvre. Pour fuir les contraintes de mon corps, je m'égare faisant fi du gouffre. Toujours cet instinct d'équilibre, une compensation naturelle nécessaire pour ne pas croupir dans l'ombre et ne mourir qu'en songe. Les images ainsi créées à partir de sensations et d'obligations traduisent une interprétation à parfaire.

Ce que l'on devient, ce qui nous a marqué, ce qui s'en est construit, tout simplement nous suit. De ces bagages qui nous ralentissent et qui peuvent nous immobiliser ensuite, je retiens le tout pour mien peu importe les risques, je retiens le tout pour mieux apprivoiser la suite.
Des valises de responsabilités, des sacs à dos de blessures, des baluchons de rêves et des gourdes d'images troubles ou limpides; des sachets de rires à n'en plus finir, des malles de souvenirs. De quoi le croupion s'alourdir. Je m'impose une trève, je me déleste de ma peine.

Je ne vois pas le chemin. Il se découvre au quotidien. Je traîne ma besace, parfois fière, parfois sans grâce, et j'avance en stagnant sur place à certains endroits hypocritement malsains. L'amour des miens, ceux de ma race, souffle cependant mes voiles et dans mes trébuchements épars me soutient. Je reprends la tâche.


En observant l'oiseau en vol, on le voit brindille au bec pour la construction de son nid, on le voit boue en pinces pour solidifier son trésor, on le voit régurgiter pour nourrir ses petits. Sinon, quels sont ses bagages?
Le pubis de l'oiseau est à nu la plupart du temps. Et il vole, il mange, il chante. Léger.


Image: "Fallen feather" par Muamer sur www.deviantart.com

vendredi 31 juillet 2009

Inspiration/Expiation


Ici et là, éparses
Les traces de la limace illuminées par libellés allusifs
Tels des indices indûment incitatifs
Portant signifiant dans un signifié oui, choisi
Évoquant vérité véritable bien qu'évasive
Devient mur apparaissant dès proximité dans la prise
Du prisme poissé de fêlures dissimulées par un sourire
Des papiers de souhaits potents s'envolent et s'irisent
Pulsés progressivement dans l'entonnoir du désir

L'âme errante amerrit enfin sur ton eau
Relève la tête et revêt son être
Peu importe, elle sera amour malgré la mort en quête.

Image : "Redemption" by Diablozz on http://www.deviantart.com/

mardi 21 juillet 2009

Aujourd'hui

J'ai envie d'être dans le présent. Tout ressentir au fur et à mesure seulement. Réfléchir à peine. Pas de soucis en prolongation, pas de faux tracas en imagination.
J'y arrive.
Le corps en connivence pour le plaisir, cependant somnole sur les possibles; ces zones volontairement grisées que sont le destin et l'avenir, j'apprends à en faire fi pour alléger et en profiter.
Au présent.
J'ai le coeur en camomille, apaisé et fleuri. Mon oeil reluit et se brouille, selon l'émoi en cause, et ma bouche s'assoiffe et se mouille à la pensée de souvenirs déjà inscrits.
Aujourd'hui.

J'y arrive au présent aujourd'hui.

mercredi 15 juillet 2009

Le contrat

"...le serveur dépose mon verre...un bon whiskey irlandais comme je les aime, sans glaces. Un Blackbush, pour la nostalgie et la mémoire. Slante! Un flash de cette vie d'avant, dans cette île verdoyante et sauvage; l'humidité constante et la force du vent; les maisons abandonnées, l'histoire, la famine, la violence. Mes racines. Bon suffit, on revient au présent.
J'adore quand ce liquide réchauffe et brûle ma langue et ma gorge. À petites gorgées, j'apprécie. Je me remets en tête les détails importants, mise en place du personnage, et j'attends en m'appropriant l'endroit. Pas beaucoup de femmes seules dans cet établissement. Je détonne un peu mais ça ne fera qu'accentuer le sentiment de conquête du prédateur. Je sais que dans les yeux de ces hommes qui jettent un regard furtif dans ma direction, profitant d'une distraction de leur compagne, ou des esseulés qui se permettent carrément une évaluation visuelle, j'apparais comme une biche sur le bord de l'affolement tout en dégageant une féminité débordante de promesses et d'assurance de plaisirs. Trop facile. Z'avez pas idée.
Bon le voilà qui arrive. Quelques banalités échangées, on passe à l'action, après un caprice d'un 2e whiskey, pour moi, bien sûr sur son compte.


Une autre scène, l'ambiance se transforme. C'est comme si en changeant de décor, la dynamique et la couleur des personnages se présentaient sous une autre lumière. La vraie vie dans son implacable vérité. J'aime, ça me ramène les pieds sur terre et me rappelle les raisons pour lesquelles je m'évade.

Dans un premier élan il explore la résistance et tâte la latitude en profitant de l'ombre d'une ruelle quelconque, assez soudainement. J'apprécie l'audace. Bon "move". Ce sera peut-être intéressant finalement.

Dans un chez lui plutôt dénudé, il s'expose rapidement après un autre baiser assez mouillé et fouillé. J'suis allumée. Je me perds dans le jeu du désir. Il reconnaît mon abandon. Pause imposée de lui. Mmmmm...oui; il s'y connaît. J'anticipe alors.

Subtil dans sa perversion, j'ai appris tout ce qu'on peut faire avec une bouteille de "grappa", à partir de son état plein à la sortie du congélateur, dans l'unicité et le partage ludique du liquide, dans la bouche, sur le corps et dans la tête, jusqu'à son utilisation dans un coin de la chambre, en m'appuyant et m'aidant de mes mains sur les murs, pour cette image dictée provenant de ses fantasmes fouillés.

Je réponds aux ordres et il tient la corde. Dans un état non plus second mais en tierce et en juxtaposition, je participe et me plie à ses jeux avec ces drôles d'objets, ses jouets; certains contrôlés à distance, d'autres illuminés, et quelques uns auxquels il a pu trouver d'intéressantes utilités. Que de surprenantes sensations, la découverte extrême dans le sexe sans limitations!

Pour ces trois heures, je ne peux nier le plaisir éprouvé; malgré mon laisser-aller j'étais en apprentissage et j'ai pu apprécier. Mais pas le décor anonyme et insipide, qui par moments, dans la lumière froide, me ramenait une lueur de réalité.
Je révise objectivement la soirée. Il a souri, c'est bon signe, j'ai appris en être soumis et il a jouit.
Pas si mal, c'était l'art du pur plaisir, sans amour, qui implique que je conserve mes orgasmes pour moi, sans qu'ils s'en doutent. Ce sont mes règles, mes barricades, mes remparts. Je ne donne pas, je prête, je m'offre mais n'abdique.
Je reprends mes effets ici et là épars, effaçant mes traces de cet espace.
Une fois l'homme repu, j'ai pu quitter dans l'ombre et prendre le chemin vers mon nid. Je me sens rapace mais un contentement serein me suit... Je me revois sur la verte falaise, témoin de la puissance de la nature et de l'instinct de survie. Je respire et je vis."


vendredi 10 juillet 2009

Moments

"...et tu ries. Tu ries malgré toi, de ce rire teinté de surprise. Je te fais rire. Je te courtise et ça te plaît. Tu m'enlaces alors, vigoureusement. Tu connais les chemins de mon plaisir, à la limite du tolérable; je t'ai appris à me prendre. Et je glisse entre tes doigts, inlassablement en mouvance, savourant chacun de mes sens. Je joue de ta dominance, je te laisse sentir et mon corps se soumet en apparence.

En parallèle.

Tu ne vois pas que je fuis, que je suis ailleurs, que je me pleure. Prisonnière de ce corps en lambeaux de chair, je suis déjà morte sur cette terre. De mon puits sans fond, je peine à voir la lumière, et la couleuvre de venin qui parcoure mes veines me maintient en parallèle dans l'univers. Le destin fait son oeuvre et me cloue, silencieuse. Délicieuse torture et tortueuse morsure, je vis entre parenthèse, invoquant la douleur dans ma misère, blasphémant en couleur pour me satisfaire. Moments qui m'apaisent.

Un temps.

Dans ma danse, je peux voir plus grand que moi, humblement je m'oublie, en retrait de ces égaux émois égoïstes. Et là je fulmine, contre ces ombres imposées, ces zones nécrosées, ces absolus sottement assimilés. Ces fous alimentent la source causant constants conflits, gratifiant gestes gratuits dans une méchanceté méprise émanant des aveugles idéologies....la multitude se cantonne mais à hauteur d'homme, la colère d'autant plus se nourrit.

Un moment.

J'aspire au bonheur, à la douceur et aux délicieux désir d'amour. Et je rie, je rie d'innocence et d'éphémère. Je rie de ces faux moments de vie, de ces vides airs parsemant mes repères. Aspirant et soupirant auprès d'aspirants et de soupirants, lâchement faussés et fauchés dans leurs grâces. Je suis la faux, la fausse, expiant dans la fosse. Un fossé permanent me séparant de mes semblables, je me complais dans la chose et me permets la légèreté dans la pose.
Un instant.

Et là, la soif du colibri m'adoucit. La plus infime manifestation de vie me ramène à l'essentiel, et ainsi revient mon sourire uni. Je reviens dans le présent et me dissous dans le temps. J'apprivoise en permanence, m'adaptant aux conséquences, et je vois le vrai visage de l'indifférence, qui de l'authenticité ne valorise ni n'en quête de préférence. Dès lors il s'agit de jouir et de jouer dans un désir de survivance; je te sais là, je te sais fort, j'ai besoin de toi, de tes bras et de ton allégeance.

Quel présent sublime m'offres-tu!"

dimanche 28 juin 2009

Soft trash


Sexuée. Très sexuée. N'en déplaise à certains...mais du plaisir pour d'autres! Ne m'empêchez pas de goûter, de tâter, d'embrasser, de jouir.... Me faire emplir et en soupirer. J'ai envie de ces frissons qui partent de mon centre reluisant et doux, qui me donnent des yeux langoureux et affamés de désir. Mon corps si longtemps occulté si souvent ausculté qu'il en avait perdu vie mais maintenant d'en rire et alléguant de s'assouvir. J'emprunte ce chemin en envie dichotomique d'anaphylaxie envahissante et d'urgente survie.

Un jour il pourra être question de prendre un virage. Il y aura tant de possibilités mais à la fois qu'une voie. Une seule voie. Pour l'instant, rien de se démarque, que cette source variable d'instinct qui meut qui pousse qui guide et qui tente. Se laisser porter, lâcher prise, être juste là. Comme une négation de volonté, un abandon de légitimité.

Alors ce corps qui se découvre et redécouvre ses sens, ne peut que s'abreuver de crasses caresses et en retirer jouissance. Les Festivités commencent et se poursuivent, à tout jamais inscrites dans le calendrier de la délivrance.

À qui demander pardon? À ceux qui n'osent et qui compensent? Nah...aucun pardon. Regardez le bonheur. Il nous surprend, il nous déjante, il joue à l'ascenseur, ce pyromane de malheur! Hahahaha......
Dans ces temps de lune, de lucioles et de libellules, tout est vert, ça brille et scintille, le soleil sur la peau le jour, les célébrations nocturnes .... être en amour! Permettez de me saouler de la vie! Prenez-la ensuite, si vous en avez envie.
Une dévote danse, pénétrée et déroutante, je n'ai que ces pas à partager en offrande. Caressez-là et mangez-en tous! Et surtout, ne pas négliger que j'aime une certaine cadence.

Turmoil by dervius on http://www.deviantart.com/

samedi 13 juin 2009

Attendrissement

Je te rêve sur ton île là-bas, entre l'Europe et l'Afrique, ta vie, ton rythme. Exil volontaire de 20 ans, abandonnant famille et amis, pour découvrir de par le monde, un chemin à toi. Et tu étais là; comme hier, la connivence ce soir encore, simplement. Une belle surprise de t'y voir. Mais dans tes yeux, plein d'histoires, et comme une tristesse dans ton sourire. As-tu trop vu?
Je t'admire et suis touchée.....j'étais ta muse as-tu dit. Mais je l'ignorais. La trahison et la compétition des autres t'ont fait fuir. Et tu as cessé d'écrire. Y a-t-il un lien entre les deux?
Je t'admire et suis touchée.....tu dois retourner pour savoir si tu dois rester. Ici ou là. Tu te permets de te faire guider par instinct, de ressentir un possible dessein. L'avenir est au présent sous tes cieux.
Même en mots en mode économe, l'espace et le temps n'existaient plus. L'intensité du moment, la spontanéité de te baiser la joue chastement, l'authenticité de ton être mis à nu.....huit heures en 25 ans, il n'en fallait pas plus.